Généralités
:
Les reptiles marins sont
principalement représentés par les tortues.
A l'origine, les tortues étaient terrestres. Puis, 100
millions d'années plus tard, certaines se sont adaptées
au milieu aquatique, et encore 50 millions d'années plus
tard, au milieu marin.
Classification
:
" Tortues " est le nom
vernaculaire que l'on donne aux reptiles de l'ordre des
Chéloniens.
Embranchement des reptiles / Ordre des Chéloniens.
Les huit espèces de tortues marines sont réparties en
deux familles : les Chéloniidae (avec une carapace dure)
et les Dermochelyidae (avec une carapace molle).
Morphologie
:
(c) Jean-Yves RAVEL
Les tortues marines sont des animaux
de grande taille (de 0,80 à 1,35 m) avec une carapace
plate de forme ovale. La carapace, d'origine dermique,
correspond au développement des côtes. Le bec corné
permet de trancher la nourriture, car elles n'ont pas de
dent. Les deux pattes avant, ressemblant à de larges
battoirs aplatis, servent à la propulsion. Les deux
pattes arrières, en forme de petites raquettes, servent
à l'orientation. L'adaptation hydrodynamique de ces
tortues est excellente. Autant sur terre, leurs
déplacements sont laborieux et maladroits, autant dans
l'eau, elles évoluent avec aisance comme un " vol
sous-marin " (jusqu'à 30 km / h). Elles nagent avec
endurance et parcourent, lors de leurs migrations, des
distances considérables dans les océans (jusqu'à 2.000
km).
Le cou, qui se pli verticalement, est très peu mobile.
Les pattes et la tête ne sont pas rétractiles,
contrairement aux tortues terrestres.
L'évolution de leur cerveau se situe à un stade
intermédiaire entre celui des Vertébrés inférieurs et
celui des Mammifères.
La vision est très développée. Les yeux sont
protégés par trois paupières.
L'ouïe est particulièrement fine chez les tortues
marines. Elles n'ont pas d'oreilles externes, mais une
oreille interne, sous une plaque auditive. Quant à
l'odorat, il est relativement faible.
Elles ont un sens de l'orientation bien développé,
notamment dans le cadre de leurs migrations.
Les tortues n'ont qu'un seul orifice excréteur, qui sert
également pour la reproduction ; les mâles en sortent
leur pénis et les femelles s'en servent de canal
d'intromission.
Les poumons sont identiques aux nôtres, ce qui oblige
les tortues à venir respirer en surface toutes les 10
minutes environ, selon leur activité. Une durée record
d'immersion de 6 heures a été observée chez une tortue
verte. Contrairement aux tortues terrestres, les tortues
marines n'hibernent pas ; elles ont moins d'activité en
hiver.
Les Chéloniens ne présentent pas de véritable mue,
mais une exfoliation superficielle des plaques cornées
du squelette (très partiellement renouvelées).
Il existe huit espèces de tortues marines, dans le
monde :
Les sept premières tortues font
partie de la famille des Cheloniidae (avec une carapace
bien ossifiée) et la 8ème, la tortue luth, fait partie
de la famille des Dermochelyidae (couverte d'un manteau
de cuir).
Chaque espèce se distingue des autres par la forme de la
carapace, ainsi que le nombre et la forme des écailles
sur la tête et la carapace.
La tortue verte,
également appelée " tortue franche "
(Chelonia Mydas), sans doute la plus répandue, mesure de
80 et 130 cm à l'état adulte, et pèse de 160 à 250
kg. Elle est caractérisée par un museau arrondi, par un
nombre d'écailles costales au nombre de 4 paires, par sa
plaque nuchale qui ne touche pas les premières costales,
et par une seule paire de plaques préfontales sur la
tête. Elle se rencontre dans presque toutes les mers du
globe.
La tortue franche du
Pacifique (Chelonia agassizii), mesure de 65 à
115 cm à l'état adulte, et pèse environ 150 kg. Elle
ressemble à la tortue verte, mais possède un tégument
plus noir. Elle est caractérisée par sa plaque nuchale
qui ne touche pas les deux premières costales, sa tête
qui ne porte qu'une seule paire de préfontrales, et un
museau arrondi. Elle se trouve que dans la partie ouest
des deux Amériques.
La tortue caouanne (Caretta
caretta) mesure jusqu'à 115 cm et pèse 160 kg maximum.
Elle est caractérisée par une grosse tête, par des
plaques costales qui sont au nombre de cinq, dont les
premières touchent la nuchale, par 4 ou 5 préfrontales
sur la tête, et par sa largeur qui atteint les 2/3 de sa
longueur. Le bord de la carapace des juvéniles est
particulièrement dentelé, puis s'aplanit à l'âge
adulte. Elle se rencontre dans presque toutes les mers du
globe.
La tortue imbriquée,
également appelée " tortue caret "
(Eretmochelys imbricata), mesure 95 cm au maximum et
pèse environ 60 kg à l'état adulte. Elle est
caractérisée par un corps allongé, par une tête fine,
par une nuchale qui ne touche pas les premières
costales, par deux paires de préfrontales sur la tête,
par un museau allongé et par ses plaques dorsales
disposées comme les tuiles d'un toit. C'est une espèce
qui a été très exploitée par l'homme. On peut la
rencontrer le long des côtes, dans toute la partie
équatoriale et tropicale des océans.
La tortue olivâtre,
également appelée " tortue de Ridley "
(Lepidochelys olivacea), mesure jusqu'à 75 cm et pèse
environ 45 kg. Elle est caractérisée par un cou bien
dégagé, par une nuchale en contact avec les premières
costales, par 4 ou 5 préfontrales, par sa largeur qui
quasiment égale à sa longueur, par les plaques
vertébrales qui sont au nombre de 5 à 9. C'est une
espèce rare et menacée. On peut la rencontrer dans les
eaux tropicales proches des côtes, autour de l'Afrique
et de l'Asie, jusqu'au nord (uniquement) de l'Australie,
autour de l'Amérique du sud et sur la côte Ouest
(uniquement) de l'Amérique du nord.
La tortue chélonée à
dos plat (Natator depressa), mesure de 95 à 130
cm et pèse de 100 à 150 kg. Très proche de Chelonia
Mydas (tortue verte), elle a tout de même un bec moins
proéminent et des yeux plus petits. Elle est endémique
de l'Australie.
La tortue de Kemp
(Lepidochelys kempii) est la plus rare et la plus
discrète. Elle ne dépasse pas 45 kg. Elle est
caractérisée par une carapace grisâtre souvent plus
large que longue. C'est une espèce en voie d'extinction,
que l'on peut espérer rencontrer sur la partie Est des
Etats-Unis et du Mexique, dans l'Atlantique nord et sur
la partie occidentale de l'Europe.
La tortue Luth (Dermochelys
coriacea) est la plus grande tortue actuelle et l'un des
reptiles vivants les plus volumineux. Les adultes
mesurent jusqu'à 2 m de long et pèse jusqu'à 950 kg.
Sa cuirasse, très particulière, est constituée de
plaques osseuses noyées dans un cuir épais, armé de 7
carènes (côtes) longitudinales. C'est la plus lourde,
la plus migratrice et la plus largement représentée. On
la voit en grand nombre en Guyane et parfois dans les
eaux fraîches des pertuis charentais.
Association : des balanes
peuvent se fixer sur la carapace des tortues.
Reproduction
:
Les tortues peuvent se reproduire à
partir de l'âge de 6 / 8 ans.
La reproduction a généralement lieu juste après la
ponte ; les mâles guettent le retour des femelles
parties pondre sur la plage (les mâles ne viennent
jamais sur la terre ferme). Lors de l'accouplement qui a
lieu en surface, les mâles s'agrippent sur le dos des
femelles grâce à une très longue et large queue, et
une robuste griffe située au coude de leurs nageoires
antérieures.
Même si l'élaboration des ufs est assez brève
(entre deux à trois semaines), des spermatozoïdes
peuvent se nicher dans les replis des oviductes,
permettant une ovulation plusieurs mois et années après
qu'il y ait eu fécondation.
La ponte :
Durant la nuit, et généralement à
marée montante, les femelles sortent péniblement sur la
plage à la recherche d'un endroit (à l'abri des marées
hautes) pour y creuser un nid, de 40 à 60 cm de
profondeur, à l'aide de leurs pattes avant. Après un
cours repos, elles pondent de 50 à 100 ufs (de
forme sphérique et relativement mous). Une fois la ponte
terminée, elles rebouchent le nid rapidement, et
retournent au plus vite à la mer. L'opération totale
dure environ 1 heure.
Les Chéloniens ne semblent présenter aucun comportement
parental, et leurs pontes, une fois dissimulées, sont
abandonnées.
La naissance des petites tortues
:
Après un certain temps, de 45 à 70
jours selon les espèces, les petites tortues cassent
leur coquille, sortent du nid (en général au petit
matin, quand la température est fraîche) et se dirigent
instinctivement vers la mer.
Très peu d'individus survivent car les prédateurs sont
nombreux. Sur la plage, elles doivent échapper aux
frégates et vautours, aux chiens sauvages et aux crabes
des cocotiers. Une fois dans l'eau, elles doivent encore
essayer d'échapper à certains poissons carnivores (les
poissons chats, les silures et les requins).
Bien que le sexe génétique soit déterminé à la
conception, il a été observé que la température
d'incubation pouvait modifier le sexe. En général, des
ufs incubés à 26 °C donnent des mâles, et ceux
qui sont incubés à 31 °C donnent des femelles.
Les tortues marines grandissent très vite les dix
premières années. Ensuite, leur croissance se poursuit
plus lentement. Exemple : la tortue Luth pèse 50 gr à
la naissance, 2 kg à un an, 20 kg entre 3 et 4 ans, 300
kg entre 10 et 14 ans, et peut atteindre jusqu'à 950
kg...
Nutrition :
Les chéloniens ne mâchent pas leur
nourriture, mais des muscles puissants contribuent à
faire descendre dans l'sophage les gros morceaux de
nourriture avalés.
La tortue verte et la tortue franche du Pacifique sont
principalement herbivores.
La tortue caouanne, la tortue olivâtre et la tortue
chélonée à dos plat, sont carnivores de mollusques, de
crustacés, de petits poissons et d'échinodermes.
La tortue imbriquée et la tortue luth sont omnivores de
mollusques, de crustacés, de cnidaires, de végétaux).
Biotope :
Plusieurs espèces de tortues de mer
fréquentent, tout de même, plus ou moins
régulièrement nos eaux littorales, telles :
* la tortue Luth, qui arrive surtout l'été en
Charente-Maritime,
* la caouanne, qui se reproduit peut-être encore en
Corse,
* la tortue verte.
Protection
des tortues marines :
Pendant toute la période de
ponte :
II faut établir une surveillance
des plages, qui permet de protéger les nids mais aussi
les tortues. Il faut éteindre toutes les lumières.
Prévenir les touristes de restreindre leur activités
nocturnes sur les plages. Retirer les objets qui peuvent
gêner les tortues.
Pendant la ponte d'une tortue :
Il ne faut pas allumer de lumière,
ni utiliser de flash d'appareil photo. Ne pas faire de
bruit, ne pas parler, ne pas s'approcher à moins de 5
mètres, jusqu'à ce que la tortue retourne à l'eau.
Sinon elle risque de partir sans pondre.
Protection des nids :
Le mieux quand il n'y a pas de
risque est de laisser les ufs s'incuber
naturellement. En cas de risque, on peut envisager de
déplacer le nid, mais cela ne doit être fait que par
des personnes compétentes et seulement dans les 6 heures
qui suivent la ponte, car après il y a des risques de
bouger les ufs (l'embryon a déjà commencé à se
former).
Naissance des petites tortues :
Ne pas les retenir car elles ont une
réserve alimentaire, qui leur permet de nager sans
s'alimenter pendant environ 72 heures, et en les retenant
on réduit leur chance de survie.
Texte de loi française :
Arrêté du 9 novembre 2000 fixant
la liste des tortues marines protégées sur le
territoire national
J.O. Numéro 283 du 7 Décembre 2000
Art. 1er. - Le
présent arrêté s'applique sur l'ensemble du territoire
national à l'exception des départements de la
Guadeloupe, de la Guyane et de la Martinique.
Art. 2. - Sont
interdits, sur le territoire national et en tout temps,
la destruction ou l'enlèvement des ufs et des
nids, la mutilation, la destruction, la capture ou
l'enlèvement, la naturalisation ou, qu'ils soient
vivants ou morts, le transport, le colportage,
l'utilisation, la mise en vente, la vente ou l'achat de
spécimens des espèces de tortues marines suivantes :
* Tortue luth (Dermochelys coriacea) ;
* Tortue caouanne (Caretta caretta) ;
* Tortue olivâtre (Lepidochelys olivacea) ;
* Tortue de Ridley (Lepidochelys kempii) ;
* Tortue imbriquée (Eretmochelys imbricata) ;
* Tortue verte (Chelonia mydas).
Art. 3. -
Toutefois, par dérogation aux dispositions de l'article
2, les interdictions de transport, de colportage, de mise
en vente, de vente ou d'achat sur le territoire national
ne sont pas applicables aux spécimens issus des stocks
déclarés :
* Estampillés du poinçon ou de la marque propre au
bénéficiaire d'une autorisation délivrée
conformément à l'article 4 ;
* Ou faisant l'objet d'une cession entre bénéficiaires
d'une autorisation délivrée conformément à l'article
4.
Art. 4. - Sont
soumises à autorisation du préfet de département la
détention et l'utilisation, par les fabricants d'objets
qui en sont composés, de spécimens de tortue marine de
l'espèce " Tortue à écailles " (Eretmochelys
imbricata).
L'autorisation a une durée maximum de cinq années ;
elle peut être renouvelée. L'autorisation peut être
accordée dans les conditions prévues à l'article R.
212-2 du code rural, pour les spécimens importés
conformément à la Convention de Washington, avant le
1er janvier 1984, compris dans les stocks de tortue à
écailles (Eretmochelys imbricata) déclarés au
ministère de l'environnement avant le 1er octobre 1993.
Sont également soumises à autorisation du préfet de
département la détention et l'utilisation, par les
fabricants d'objets qui en sont composés, de spécimens
de tortue marine de l'espèce " Tortue verte "
(Chelonia mydas).
L'autorisation a une durée maximale de cinq années ;
elle peut être renouvelée. L'autorisation peut être
accordée dans les conditions prévues à l'article R.
212-2 du code rural, pour les spécimens importés
conformément à la Convention de Washington avant le 1er
janvier 1984 ou prélevés dans la nature sur le
territoire national avant cette date, compris dans les
stocks de tortue verte (Chelonia mydas) déclarés au
préfet de département avant le 31 décembre 2001.
Les autorisations susvisées sont subordonnées à
l'engagement écrit du demandeur de se soumettre au
contrôle des agents de l'administration désignés à
l'article L. 415-1 du code de l'environnement.
Chaque bénéficiaire d'une autorisation doit tenir un
registre d'entrées et sorties conforme au modèle fixé
en annexe du présent arrêté et relatif à l'espèce
pour laquelle cette autorisation a été délivrée.
La demande d'autorisation précise le nom du demandeur et
son adresse, la nature de ses activités et ses
références professionnelles, ainsi que, s'ils existent,
le ou les stocks de spécimens dont il dispose pour
chacune des espèces concernées.
La demande est accompagnée de toutes pièces justifiant
l'origine licite des spécimens en stock.
L'autorisation peut être retirée conformément aux
dispositions de l'article R. 212-3 du code rural.
Art. 5. -
L'arrêté du 17 juillet 1991 modifié fixant la liste
des tortues marines protégées sur le territoire
métropolitain est abrogé.
Art. 6. - Le
délégué aux arts plastiques, le directeur des pêches
maritimes et de l'aquaculture, la directrice de la nature
et des paysages, la directrice des affaires économiques,
sociales et culturelles de l'outre-mer, le directeur
général des douanes et droits indirects et le directeur
des entreprises commerciales, artisanales et de services
sont chargés, chacun en ce qui le concerne, de
l'exécution du présent arrêté, qui sera publié au
Journal officiel de la République française.
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