Dix-huit
mois sans plonger. J'attendais avec impatience
ce week-end de quatre jours.
Départ du car à l'heure non sans frayeur, car Nora
avait disparu....acheter le nécessaire pour .... L'apéro
!
Après le OHHH !.... Les AHHHHH ! Comme à l'accoutumée,
les joyeux drills sont à l'arrière, les plus sages à
l'avant.
21h , le car roule son train de sénateur
dans un mouvement calme et sûr (merci chauffeur). On
s'arrête pour dîner et installer les couchages.
2h : Je me réveille,
au moment où la sorcière me met a court-bouillon, dans
son chaudron ... ai-je de la fièvre ? Mon duvet est brûlant,
la fermeture éclair est chauffée à blanc dans le dos.
Je m'adresse au chauffeur : " j'ai le derrière qui
brûle "...Le gars me regarde, son front affiche
" qu'est-ce qu'elle veut ? " J'ajoute "avez-vous
mis le chauffage ? " Là, je lis " Ouf, c'était
ça !.... " " oui ! " Il m'indique le
thermostat : visiblement, il fait 17° en haut et 47° en
bas. Qui potest capere capiat !
Brève explication ; Le chauffage est coupé, mais je ne
reprends pas ma place... Cathamarrante échaudée....
On m'en
indique une à l'arrière à côté d'une carrure de
rugby-man ! Cramponnée au rebord de la couchette, je
m'endors... Cette fois, je vais rêver du pôle nord
c'est sûr !
C'est le petit
matin. Il ne fait pas beau. Christian
annonce " nous ne plongeons pas aujourd'hui
! " la mer est agitée. Déception.
On ne se laisse pas abattre, chacun trouve une occupation
: certains vont rendre visite à des amis, d'autres vont
voir le port ou faire un footing sur la plage, d'autres
encore, louent une voiture pour aller à Aix en Provence....
Quant à ceux qu'on ne retrouve pas.... ils récupèrent
de leur nuit de rêve passée dans le car...particulièrement
Gaël qui à fait des efforts désespérés
toute la nuit..... pour ne pas m'éjecter de ma couchette.
Dimanche,
7h , branle bas de combat, tout le monde est
impatient. Dans l'allégresse générale on prend "
à discrétion ", le petit déjeuner dans le grand réfectoire.
20mn à pieds
pour arriver au club de La Londe, je révise mon sac de
plongeuse en herbe. Quinze minutes après, me voici re-déguisée
en 007, re-marchant telle un pingouin pour rejoindre le
re-bateau (voir le récit d'une première bulle...Ah, si,
faut suivre !).
Mon expérience
de première bulle était déjà extraordinaire...il n'y
a pas de raison que ce soit différent !
C'est
ma sixième plongée et la plongée de réadaptation
Le bateau jette l'ancre ...je me concentre et j'observe
pour voir comment il faut faire car j'ai quelques trous
de mémoire ...Ah oui, tenir le masque, le détendeur et
faire le signe ok. ...
La palanquée
est prête : Youpi, je saute à l'eau ... elle n'est pas
froide...brrr, si ! un filet d'eau glacée est en train
de pénétrer dans ma combinaison...pas le temps de poser
de question, ils ont déjà entamé la descente...tel un
bouchon de champagne égaré dans son sceau de glace, je
flotte lamentablement, mes palmes claquent à la surface.....impossible
de suivre.
Mais qu'est-ce que j'ai bien pu oublier ? , peut-être dégonfler
le stab ? ...Ah, ça va mieux !
Pendant la descente : brève panique...je n'ai pas pensé
à identifier le matériel des membres de la palanquée
!( Si, si, c'est possible) Heureusement, je me rappelle
que le chef de palanquée a un " bi " ouf, je
le suis...il a l'air de ne pas être étonné par ma présence
donc, c'est bien lui....enfin, je l'espère !.....
Les deux autres camarades de jeu gravitent autour de nous
et semblent très à l'aise elles filent comme des
poissons.
Nous arrivons
au fond je suis partie avec 180bars et je me demande si
ce n'est pas insuffisant ? Trop tard pour demander, les
copains tracent devant, il va falloir faire avec !(ou
sans)...
Ouf, une pause : mais comment Diable,
font-ils donc pour être si rapides dans l'eau ?.
Je fais des efforts désespérés pour rester stable
j'agite les bras et les jambes à l'horizontale, tel un
crabe qu'on aurait sorti de l'eau. L'effet doit être très
réussi et homogène, car on me dira plus tard que c'est
très " énervant " !
Le chef de
palanquée me montre quelque chose...ah, oui, une gorgone
rouge !...je me retourne vers lui pour lui faire le signe
Ok, (il faut dire j'ai vu !)....PERSONNE....ça
y est, je suis perdue par 20m de fond !
Pas âme qui vive à part ma gorgone...Bonjour,
gorgone, si tu as une idée, c'est le moment !
Je n'ai pas mis ce cas de figure dans ma Check-List de départ.
..Petit à petit, je me rappelle qu'il faut remonter à
la surface...non,.. un peu...non, lentement à la surface...
non, un peu et puis à la surface ....ah, oui, mais le
pallier ? est-ce que je dois faire un pallier ?....
Oups !
je viens d'être harponnée par une main décidée à
mettre fin à mon dilemme, elle m'entraîne derrière un
rocher, et sûrement pas pour me conter fleurette.
C'est celle du chef de palanquée qui affiche un air réprobateur
...Ouf, il n'imagine pas comme je suis reconnaissante, je
l'embrasserai bien sur le front, mais le détendeur me gêne...j'abandonne
l'idée !.
On continue, tous les quatre...cette fois, je fais
attention.
Il me reste 100 bars, je me mets à faire des apnées
pour....économiser ! Je les suis tant bien que mal car
ils vont diablement vite.
On me montre
une murène. MA PREMIERE MURENE ! je la
regarde droit dans les yeux, je photographie mentalement
ce moment, elle est exactement comme je l'avais étudiée
et moins effrayante que prévu. J'apprendrai plus tard
qu'il faut se méfier de la murène qui dort !
Je relève la tête pour faire Ok !....Si, vous n'y
croyez pas...j'y crois...je suis encore seule au fond de
l'eau !
Mais où sont-ils
? ces disparitions sont dignes des meilleurs thrillers.
Je me rappelle qu'ils ont déjà disparu derrière un
rocher, je m'avance dans la direction supposée prise, je
remonte un peu ....suspense...ah, les voilà !
C'est déjà la fin de la plongée, je n'ai pas vu passer
le temps mais je suis contente de remonter sur le bateau,
j'ai encore 50bars et un violent mal au crâne me
terrasse. Une monitrice s'approche de moi et me demande
si je fais des apnées...
REGLE
N°1 : |
Ne
jamais perdre de vue les petits camarades de jeu
ou bien, apprenez à parler le langage "
gorgone-murène ". |
REGLE
N°2 : |
Toujours
dégonfler son stab avant de descendre....ça
peut aider ! |
REGLE
N°4 : |
Ne pas
faire d'apnées pour économiser l'air....si vous
ne voulez pas vous ruiner en anti-migraineux. |
REGLE
N°5 : |
Se
renseigner sur le chef de palanquée et repérer
le matériel des compagnons de jeu...comme le
disent les mamans poisson : il ne faut pas suivre
n'importe qui...surtout pas sous l'eau ! |
7ème
plongée :
Même palanquée, cette fois nous avons droit à un
beefing avant de sauter. Forte de mon expérience du
matin, je demande qu'on m'aide à suivre...Aïïï ! on
me dit que c'est à moi à faire attention aux autres : sermon
et tout le tintouin !
C'est décidé, je mets 007 au placard pour
quelques temps...un certain sérieux s'impose
pour suivre le train d'enfer des plongeurs expérimentés..
Première mesure : ne pas prendre le phare ; c'est un
accessoire trop distrayant...et si je jeux progresser
.....
Challenge : ne pas les perdre, respirer régulièrement,
me stabiliser...cette fichue stabilisation....je
pédale, je pédale...on tente de me montrer quelque
chose, je ne veux pas me laisser distraire...comment lui
faire comprendre ? tiens, j'ai une idée : une main sur
l'avant-bras pour dire " fiche moi la paix !
"... ....Oh, la !, elle n'a pas l'air d'apprécier !
! !... j'avais raison :la palanquée est déjà repartie.
On retente de me montrer quelque chose, j'hésite... et
j'ai encore raison, sommes-nous engagés dans une course-poursuite
?...je me retourne ....à moins que nous ne soyons
poursuivis ! (chassez OO7, il revient au galop).
Ouf, on remonte. Opération réussie, je n'ai pas mal à
la tête, je ne me suis pas perdue... mais je viens de me
faire une copine...
A bord : re-sermon et re-explications stériles
..ce doit être la Sainte Première Bulle aujourd'hui !
Ont-ils oublié qu'il ont eu, eux aussi, leurs premières
fois ? ? ? ? ?
REGLE
N°6 : |
Se
taire sous l'eau et éviter les gesticulations
incongrues de nature à provoquer la.. crise
d'apoplexie chez les esprits sensibles... |
Sur
le bateau, les nouvelles :
Une palanquée est remontée sur une fausse panne
d'air.
Lundi,
huitième et neuvième plongée :
OO7 est toujours au placard, je suis tendue et j'appréhende
maintenant, Ah, si mon bon Gégé était là !...je
suis sûre qu'il aurait le mot pour rire ! Heureusement,
Mary-Lène l'a bien remplacé ce matin et a fait en sorte
que je n'aie aucun prétexte pour ne pas être prête à
temps.
Sur le bateau, je suis à deux doigts de renoncer,
mais un large sourire et un " ça va aller ? "
me redonnent du courage (Merci Philippe).
Breefing détaillé et on y va. On descend lentement,
j'ai droit à un tas de OK ?
Surprise, on n'a pas de course à faire, on se promène
calmement, je commence à retrouver les sensations des
mes toutes premières plongées ...merci les gars, c'était
une belle plongée ! ! !
Après-midi
:
Tout à coup.....illumination, EUREKA !.....je
viens de voir le chef de palanquée gonfler son stab (merci
Jean-Pierre), jubilation et enthousiasme, j'en
fais autant et oh ! miracle, je me sens portée et mes
gesticulations de crabe affolé s'estompent....J'avais
oublié la
REGLE
N°3 : |
GONFLER
SON STAB UN FOIS AU FOND ! ....ÇA AIDE ! |
Bon,
d'accord, ce n'est pas encore tout à fait ça, mais
j'aimerais bien vous y voir...avez-vous déjà essayé de
faire danser un hippopotame avec des pointes ?....Eh
bien, pour une première bulle, c'est à peu près aussi
facile de se stabiliser dans l'eau.
Sur
le bateau, les nouvelles :
Des plongeurs, entraînés par le courant, ont
raté la plus belle épave du site....
Mardi,
Neuvième et dixième plongée
J'ai repris confiance : OO7 est de retour,
les plongées sont belles, les compagnons de palanquée
ont le même rythme, j'oublie encore de gonfler mon stab,
mais le chef de palanquée me le rappelle, il m'aide et
s'assure que je suis aussi stable qu'une Manta
. C'est une véritable sensation....un peu comme si vous
planiez dans l'eau., deux petits coups d'aile et vous
glissez......On est sur une épave, j'en profite à 100%.
(Merci Daniel).
L'après-midi sera aussi idyllique....juste un petit
souci de détendeur....il se met à fuser spontanément,
je fais signe à mon chef de palanquée....échange
d'embout avec calme et précision...suspense....abracadabra
!... le problème est réglé... On continue sous l'eau,
c'est super !
Sur
le bateau, les nouvelles :
Jean-Pierre macule le pont de son sang, une murène
a eu raison d'un de ses doigts ...quand je vous
dit qu'il faut se méfier de la murène qui dort
!.....
Page d'histoire : C'est
l'occasion d'apprendre qu'au temps des
flibustiers, les ponts étaient peints en rouge
pour masques les flaques de sang.
Mercredi,
Dixième plongée et les suivantes...
Une monitrice
du club de la Londe nous emmène. Pendant la descente,
mon détendeur fuse, je le lui indique en l'enlevant pour
qu'elle voie les bulles....grave erreur...pour elle, je
suis en train de manifester les signes de détresse.
Donc, pas une seconde à perdre, aussitôt un détendeur
m'est fermement enfoncé dans la bouche, jusqu'à la
garde, une main maintient mon stab ne me laissant aucun
espoir d'évasion...Je tente un OK ! ferme...sans succès...
j'essaie d'interposer un doigt sous le détendeur pour améliorer
mon confort....Malheureuse...j'obtiens l'effet inverse...les
yeux de la dame me disent : " tu vas le manger ce détendeur
...et que je ne t'y reprenne pas ! "...
Je ne suis pas prête d'oublier cette remontée musclée
dont je prends bonne note pour l'avenir : la méthode est
efficace .... Sans rancune car je préfère être trop
bien sauvée... que pas assez !
REGLE
N° 6 : |
En cas de
problème, même minime, être lent dans ses
gestes et s'exprimer clairement...si l'on ne veut
pas finir sur le pont réconforté par un bon
massage cardiaque. |
Dernière
plongée :
Je la trouve trop courte et je reste sur ma faim vivement
la prochaine sortie.
REGLE
N°7 : |
Avoir
toujours à l'esprit qu'il y a plusieurs façon
de plonger ..donc, repérer les personnes
compatibles avec la sienne. En prendre son parti
lorsqu'elles ne le sont pas. |
Sur
le bateau, les nouvelles :
Un essoufflement, le premier pour un plongeur expérimenté.
ADieu
la Londe !
18h 28, le car s'ébranle, les sacs et le matériel sont
chargés. ..Que ceux qui ont trouvé leurs
affaires sèches se rassurent, c'est l'éléphant du
cirque d'à côté qui a aidé à tasser le tout...
Il
fait nuit, c'est l'heure de l'apéro on en a tous eu
plein les mirettes. Le site est vraiment beau.
Sous l'effet de la fatigue, l'enthousiasme affiché
vendredi est feutré, mais la bonne humeur est de mise.
L'ambiance est bonne (merci Véronique, Gaël, Christian,
Philippe, Annabelle, Pascal et les autres....).
La blessure de guerre de Jean-Pierre alimente les
conversations, pour ne pas dire les taquineries.
Tandis que les verres et les petits amuse-bouche
circulent au dessus de sa tête, Philippe B, toujours très
sérieux est déjà studieusement installé. Il parcourt,
appuyé sur ses genoux, les feuilles de palanquées et
reporte les chiffres magiques qui le concernent.
" Echange lampe frontale contre feuilles déjà
relevées ! ! ! " Mon annonce a porté ses fruits....
je note mes exploits...23m /30mn, 17m/40mn, 21m...
REGLE
N°8 : |
Ne pas
oublier de noter les constantes de toutes les
plongées....Obligatoire si vous voulez acquérir
l'autonomie de 007 dans " l'espion qui
m'aimait " ...courage, après, c'est le chef
de plateau qui note pour vous...le nombre de fois
où vous avez plongé la tête dans la poubelle
pleine d'eau et de poissons en plastique. |
20
heures, la horde affamée se jette sur les sachets repas
préparés par le centre d'hébergement....Personne ne
viendra à bout de son sandwich-étouffe-plongeur
dit : " béret Basque "...les plus rusés
mangeront l'intérieur, (au demeurant délicieux) à la
petite cuillère.
Avouons qu'on prend bien soin de nous : lestés de cette
façon, pas de doute, on ne risque pas de chuter de la
couchette.
Avant de m'endormir, j'adresse une prière de
reconnaissance à
|
CATHAMARRANTE
Catherive SEVENIER,
novembre 2003
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