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Date: maj le 23 août 2005, | Source: Gérard LEGRAND | http://subgalat.free.fr -> galerie | ||||
Cette année le premier contact avait été brumeux. Plus d’Eric, de Guillaume et seul un Xavier éprouvé par la température caniculaire restait dans mes souvenirs de l’an dernier. Fidji la perle du Rouet, découverte sur le site du club, semblait agacée et perturbée par ma demande légitime de plonger mardi matin. Elle fini par me dire que ma feuille anthropométrique avait du subir un classement vertical, mais elle comprit enfin que j’étais qu’un ancien plongeur sur le retour. Un rapide sourire de soulagement et elle me tendit une feuille vierge en me demandant de bien vouloir amener tous les documents dès mardi matin.
Le
Planier ( Épave du Dalton)
Choses promises, choses présentées ! Dès le petit matin le bel élégant frisotté en redemande et photocopie à tour de bras avec toujours ce même sourire agaçant… je réussis toutefois à lui en proposer un peu plus comme tout bon épicier lubrique[1]. La pochette est enfin complète, bienvenue au Club !
Le code d’accès aux vestiaires a changé (je vous ne le donnerai pas), et des modifications substantielles apparaissent immédiatement. Les rampes de gonflage ont disparu, remplacées par une longue ligne d’égouttage et séchage de combinaisons. Les douches sont encapuchonnées, et l’aire de déshabillage est maintenant recouverte d’une tente. Un bon gros nounours débonnaire et chevelu fait l’inventaire des plongeurs de ce matin et constitue les palanquées suivant les demandes de chacun. Il partira avec ses 4 N1 et mon coéquipier, Gérard1, devra lui abandonner sa femme.
Les chariots étant complets, nous rejoignons le quai où le bateau nous attend. Ce n’est plus le gros Lomac, mais un semi rigide similaire, équipé d’un rutilant V6/200 hors bord.
Le ronron du gros V6 n’a même pas besoin de forcer la voix tant la mer est plate et nous fonçons sans heurt vers le Véron, roche surélevée dans l’Est de l’îlot du Planier, mais un pêcheur local y a étendu ses filets et surveille, pas question pour les plongeurs de flirter avec de la petite maille. Nous repartons vers le Planier et nous garons à gauche du mat de réverbère et de la 3ème fenêtre coté Nord (dans l’alignement du Messerschmitt)[2].
Avec Gérard1 nous basculons et nous retrouvons en surface. Avant de sombrer, nous devrons vérifier nos plombages. Si je suis un peu lourd, il est trop léger et devra ‘’phoquer’’ pour descendre. Je n’ai pas les mêmes soucis, j’ajusterai le lest dès demain. C’est le type même de plongée bonheur et douceur pour se réadapter. L’eau est claire, presque chaude, l’amplitude des vagues doit dépasser le centimètre et le soleil généreux éclabousse au gré des frisures de la surface les roches alguées du tombant. Dès le fond une grosse nacre nous tend ses 2 coquilles entrebâillées en signe de bienvenue. Les gorgones sont juvéniles et nombreuses tandis que l’ancre posée au fond nous fait de l’œil au gré des éclats lumineux de sa chaîne neuve.
Nous finissons par atteindre l’épave du Dalton qui git, éclaté sur la paroi, tendant ses membrures concrétionnées vers une surface désormais inaccessible. Dans un cadre de ferraille, en contre jour, une bande de jeunes sars pose, en attendant l’huile pour dîner[3]. Nous vaquons dans les ferrailles à la recherche du congre aboyeur, du gros chapon tapi dans l’ombre, de la langouste aguicheuse, mais nos faisceaux de lampe ne croisent pas le moindre œil clignotant. C’est peut-être qu’avant l’heure du pastis….Nous passerons par une petite excursion à -29m pour contourner un amas de tôles martyrisées et ressortir dans la lumière sous l’arche métallique. Au dessus de nous, une bande d’anchois se prend pour un banc de glass-fiches, Marseille n’est pas bien loin. On est un peu dans l’aquarium et ce n’est pas une sirène qui me tapote l’épaule mais Gérard1 qui me fait le signe que son bloc est ½ sec. C’est le moment de rentrer et la pente de remontée sera linéaire, 25m en 25mn. L’azote aura le temps de buller après sa sortie des alvéoles et l’inventaire des rencontres s’allonge : vives zébrées posées sur le sable, oursins vert, brun, violets, apogons et castagnoles en couples, girelle paon, et même un barbier solitaire. Au débouché sur une plateforme, une escadrille de barbets attend les ordres d’appareillage, il faudra y mettre le doigt à toucher pour qu’ils décident de se déplacer d’un bon mètre. Nous retombons sur le bout de mouillage et l’ancre en dessous scintille toujours. En zigzaguant nous finissons à -4m vautrés sur une banquette moussue et confortable. Prétextant un palier de sécurité[4], nous nous régalons une dernière fois les yeux. Deux petits pschitt suffiront pour repartir vers la surface et le cul du vaisseau qui est à portée de main. Nous nous déséquipons dans l’eau et rejoignons le Zod et la frêle demoiselle qui se penche pour hisser les lourds paquetages de chacun. Je finis quand même par tomber à l’eau pour me rafraîchir avant le retour sous un cagnard de plomb. Le compte est bon et Fabrice clôt la matinée par une conduite de remontée d’ancre, avant de filer sur le Rouet.
L’entrée au port est difficile et les suceurs de sable ont sans doute changé d’objectif et sont partis vider un pastis en laissant leurs joujoux sur place. Fabrice n’est pas le Crabe-Tambour mais en 3 manœuvres délicates il se faufile et vient poser le nez du Zod dans le pneu pendant du quai sous le bon anneau. Il stoppe le moteur avant que les gaz d’échappement nous aient ravagés complètement les poumons. Les chariots sont décadenassés et la chaîne s’organise vite pour les remplir. Le convoi s’ébranle et fait une halte au nouveau poste de gonflage. Mazette, c’est comme le tableau de bord du Concorde, des manos et des vannes de toutes les couleurs, ici on peut même choisir avec quoi être gazé, air pur ou nitrox, Y-a de quoi pour qui qu’en veut !
Voilà, ma première est terminée, ce fut au titre physique une plongée bonheur, soleil, eau tiède et claire sans courant, de l’herbe, du poisson, de la ferraille, tout bien. Côté ambiance, le Diving-Spirit était resté au bout du quai, tout comme la menthe fraîche et les BN fraise de l’an dernier, mais tout change et ce n’est que mon humble premier avis. La Crique aussi a bien changé, il faut avoir un ticket avec la date et son nom cette année, ce n’est plus Miss Red-Pétard qui reçoit mais Monsieur Maurice, réputé du pinceau. S’il fait toujours aussi chaud sous le vélum de la terrasse, il n’y a plus la grande tablée turbulente élèves / instructeurs de l’an dernier…..
Je rejoins Fidji qui est retournée à son comptoir, et je lui demande de me réinscrire pour vendredi matin, je verrai bien si mes impressions sur l’ambiance se confirment.
Le
Moulon Est
Je suis là de bonne heure ce matin et là, plus de formalités spéciales pour plonger. C’est Alexandre qui nous conduit vers le Moulon Est, lieu que j’avais découvert l’an dernier au cours du baptême de 2 jeunes savoyardes[5]. C’est le seul endroit proche et protégé du vent du Sud qui souffle ce matin. Les retouches techniques de mon équipement sont effectuées et mon lestage réglé en fonction de mes remarques de mardi dernier, seule la courte sangle passée entre mes deux épaules pour garder serrée la stab mérite d’être améliorée.
Le Zod manié par Alexandre vole au dessus du clapot de ce matin, les gerbes d’eau chaude ne découragent pas les passagers du boudin avant bâbord. Le site est bientôt atteint, l’ancre y est jetée dans l’eau jade. Avec Gérard1 nous accompagnerons librement Alexandre qui est accompagné de trois élèves. Nous basculons dans une eau qui frise les 24° en surface, sans vent ni courant dans cette anse bien abritée et rejoignons l’ancre qui se prélasse à -10m. La chaîne rague verticalement sur la face d’un petit tombant au gré du clapot de surface. Les quatre mousquetaires nous rejoignent et commencent leurs exercices sans s’occuper de nous. Nous les surveillons d’un coin de l’œil tout en examinant pouce par pouce les éboulis que nous surplombons. Ils ne sont pas difficiles à retrouver, leur palmage remontant quelques nuages de sable et d’algues. Pas de nacre géante dans les champs de posidonie que nous frôlons mais beaucoup d’holothuries brunes fripées. Dans un éboulis je surprends un poulpe qui se trahit par ses yeux cornus grands ouverts et qui minaude. Il se réglisse dans sa faille tout en se laissant caresser par ma main nue, tentant quand même un suçon amical de ses ventouses. La virilité de la main gantée d’acier de Gérard1 le stresse et il se réfugie tout au fond de son antre. Nous verrons deux de ses copines le long du trajet et au retour il aura droit à une deuxième tournée de guili-guili. Un de ces curieux bestiaux s’était enroulé autour d’un rognon de rocher avec un petit caillou sur chaque ventouse. Dérangé, il s’enfuit comme une fusée en lâchant ses cailloux et un nuage noir. Nous récupérons les N1 qui travaillent au pied du tombant. Ils terminent bientôt et nous les abandonnons sur le chemin de leur retour, pendant que je fais la causette à une langouste tapie dans une faille. Elle dédaigne mes avances et ne connaîtra de moi que la caresse du bout d’une d’antenne. Gérard1 déloge de sa main gantée un beau petit chapon qui attendait sa proie dans l’ombre. C’est le moment de rentrer et un banc de castagnoles nous montre le chemin. Au sol d’honnêtes barbets fouillent le fond en créant de petits nuages de sable. Nous recroisons Poulpo qui nous surveillait du coin de l’œil, surélevé de son rocher et toujours timide sous la caresse, il disparait au fond de son trou.
Après 45 mn d’une ballade onctueuse dans l’eau chaude jamais à moins de 21° nous décidons de clore et Gérard1 me propose 3mn à -3m pour se finir en douceur, pourquoi pas ?
Cette fois ci nous remontons tout équipés sur le ZOD, ses échelles ont a du être réparées depuis mardi ? C’est un peu plus physique mais la caisse magique est ouverte et les gobelets de thé sont déjà près à accueillir les P’tits LU pour leur dernier bain. Le chef de bord autorise la rétention d’une coquille d’oursin vide, elle est aussitôt offerte à la jeune fille du bord.
Le trajet retour est un peu plus doux que celui de l’aller, tassant toutefois les vertèbres martyrisées par le plomb et le voyage aller. La rentrée au port est plus confortable que mardi, les suceurs de sable ayant rangé leurs joujoux avant de filer au pastis et il faudra s’introduire à la main entre deux coques pour toucher le pneu usé qui pend du quai surchauffé. Les chariots sont déchaînés et se ruent sur le poste de gonflage et se gavent d’air comprimé avant retour dans la cour bitumée du club.
Au comptoir, Xavier est plus détendu, c’est vrai que ce matin la chape de plomb de mardi semble évanouie. Il me fait des propositions alléchantes sur les profondes du dimanche matin, ou ses ‘’full -day’’ du lundi. J’y souscris et j’irai donc lundi passer une journée entière sur des sites éloignés et prometteurs.
Le
BAPTEME de MIMI ( Ilot de Elevine )
Depuis 2 jours Mimi savait. Les astiquages de fond de piscine étaient suffisants pour passer à une vraie introduction au milieu marin, il fallait y aller ! Elle nous avait fait une provision d’huile d’olives et de cidre pour tout l’hiver, persuadée qu’elle allait mourrrrrrrir elle délirât la nuit en hurlant ‘’ de l’air, je veux de l’air’’.
Le réveil avait sonné à la bonne heure, car il lui faudra au moins deux heures pour se préparer psychologiquement et physiquement à cette 1ère immersion en mer. Cela allait changer du bassin du Chesnay où il y a quelques années, Bob avait essayé de l’aider à se noyer….
Nous arrivâmes les premiers sur site et Mr le président du Club Local, alerte senior, rédigeât le bon magique permettant l’accès à ZEF-Marine et à son salon d’essayage. Après quelques tâtonnements un bel écrin, bordeaux, gris et noir fût choisi sur l’étonnant présentoir à combinaisons qui descendait du plafond au gré de ses bras motorisés. Les silhouettes masculines étant différentes de celles de nos muses, quelques plis et revers permirent d’ajuster au mieux l’écrin à la perle. Eric[6], arrivé sur ces entrefaits, compléta l’équipement d’un gilet gonflable, d’un détendeur, d’une ceinture de plombs et de palmes d’un bleu translucide. Elle préféra le masque bis de son papa sur ses mauvais conseils, hélas. Le matériel lourd fut chargé dans une antique 4L, à la porte arrière festonnée par le sel, mais qui vaillamment nous rejoignit sur le quai au cul du vaisseau. Ah le Vaisseau, quel vaisseau ! Un superbe chalutier en bois, relooqué, avec un pont plat d’au moins 40 m², ombragé par une toiture solide. À l’avant, une minuscule cabine avec vitrage panoramique contient tous les instruments derniers cri. Sur la plage avant, équipée de deux bancs latéraux confortables, un superbe guindeau électrique capable de remonter un filet garni d’une tonne d’anchois, trône à tribord. Nous serons 6 à bord ce matin et, s’il n’y a quand pas d’écho sur le pont, nous nous trouvons bien seuls ! Mimi va s’installer à l’avant pour emmagasiner encore un peu de soleil avant sa mort. Le Surcouf est un admirable bouchon, roulant, tanguant sur cette mer un peu ondulée par un Zéphyr complice. Avec la houle de sud-ouest, et le vent similaire, il se prend à surfer sur l’onde quand la masse liquide jade le rattrape, le soulève et le dépasse. Serge, en bon pilote nous mène vers l’îlot d’Everine, but de la croisière, pendant qu’Eric s’escrime à initier Émilie à ce qu’elle va affronter, voir, respirer, avaler et recracher. Mimi serre les dents et hoche de la tête à chaque évidence.
Par une savante manœuvre, Eric, contournant le bateau de Niolon, vient placer le nez du Surcouf à portée du trognon de roche qui surgit des flots moutonnés et nous protège de la houle et du vent. Sur la rive à tribord une tour carrée en ruine nous surveille pendant que la pointe du Moulon nous examine la poupe.
C’est parti ! pendant 35 minutes Mimi sera jetée à l’eau, habillée, coulée, agrippée, tirée, égouttée, puis déshabillée, avant d’être remontée sur le pont, épuisée mais ravie, sous les applaudissements des spectateurs esbaudis, à qui il ne manque que les poignées de bigorneaux[7]. Pendant ce temps, son père, l’ayant lâchement abandonnée au gentil musclé moniteur bronzé, partira visiter le socle de l’éperon rocheux en compagnie de Serge. En chemin ils causeront à d’énormes Galathées, toujours aussi fortes en gueule et si pauvres en queue, des bouquets élégants et transparents, un poulpe affectueux, un beau chapon et nous finirons par tripoter une très jeune murène dont la queue dépasse du trou d’un trognon rocheux et qui a la tête qui dépasse de l’autre coté de la galerie. La tête et la queue dépassant, va falloir passer chez R-G Collo immobilier[8]. Nous retrouvons la chaîne d’ancre et, après consultation croisée de nos instruments, nous remontons calmement. Au palier, nous croisons Eric, qui repart avec Vincent faire travailler son N1 pour se remettre de ses émotions avec Mimi, que nous retrouvons sur le pont, extraite de sa gaine de néoprène, ravie, détendue, délivrée de ses phantasmes et obsessions. Notre remontée sur le pont est stricto-Fédé, détendeur en bouche et masque sur visage jusqu’au posé de genoux sur le pont. Tout s’est bien passé pour nous et Serge se remet en tenue civilisée pendant que Gérard reste gainé en regrettant sa caisse à vêtements humides oubliée dans le coffre du Scénic. Eric et Vincent finissent par réapparaître, et remonter à bord, Serge rappelant discrètement à son fils quelques principes de base des remontées à bord.
C’est la détente à bord, et Gérard propose sa fiole magique aux plongeurs présents, mais ils replongent cet après-midi et donc refusent poliment l’offre. Le mélange à base de jus de canne distillée, agrémenté de plantes exotiques macérées, est distillé en goutte à goutte mais sans sucre[9], aux majeurs présents et consentants et fait briller les yeux et grincer l’œsophage.
C’est l’heure du débriefing maintenant. Eric s’isole avec Vincent puis avec Émilie qui n’arrête pas de s’étonner de certaines de ses appréhensions primaires totalement disparues. Eric lui demande si elle enchaîne par un stage N1 maintenant. Mimi, élude la question, elle a faim et le Surcouf qui bouchonne face à la lame et au vent, chahute les estomacs vides. En 3 savantes manœuvres, et malgré un vent de travers, Eric recule et encastre le bateau dans son aire et Mr le Président nous accueille sur le quai. Le matériel est vite entassé dans le 4L dentelée, pendant qu’Eric lave le pont à grande eau. La mule surchargée s’arrêtera juste chez ZEF marine pour déposer les blocs à remplir et la combinaison d’Émilie.
Un superbe certificat de baptême est délivré à Émilie et à ce moment là, elle comprend toute la signification de la complicité astrologique des dates de naissance. Eric et Mimi sont nés un 16 Avril, mais pas la même année. Rouge de plaisir elle fait les bises d’usage et repart en promettant de revenir.
Le point
de vue d’Émilie
< A venir ???>
Le Planier ( Épave du Chaouen )
Dès cinq heures, les nappes de brumes laiteuses escaladaient les collines environnantes et les souffles du sud promettaient encore une belle journée. À 8h45 fin prêt je descends de ma voiture pendant que le rideau d’Aqua Evasion remonte silencieusement dompté par le doigt de Fidji. Dés son arrivée Xavier, désolé, m’informe que faute d’effectif suffisant, sa ‘’full Day’’ sur Marseille est reportée à la semaine suivante.
Dominique constitue les palanquées sans grand mal, une de 3 N3 et une autre composée d’un ami belge et de lui-même. Notre voyageur n’a pas plongé depuis trois ans, mais le triathlon qu’il pratique lui confère une bonne condition physique. Il n’y a pas surpopulation sur le ZOD et les troupeaux de moutons à la crête des vagues n’incitent pas à la performance. Dominique perplexe finira par prendre la décision d’aller taquiner le Planier, il poussa la manette des gaz jusqu’aux premières chutes de blocs qui n’écrasèrent pas de pieds, ceux-ci étant éloignés des trajectoires possibles. Une voix émit l’idée que l’amortissement des passages de vagues était un excellent entrainement au ski d’automne ! L’apesanteur toutes les 7 vagues nous faisant travailler les mollets, les genoux et le hanches. Mon genou droit finit d’ailleurs par émettre des protestations qui s’atténuèrent lors du ralentissement nécessaire pour laisser passer le porte container qui croisait notre route. L’ilot et son phare apparurent soudain dans la brume de chaleur sous les applaudissements des passagers qui félicitèrent Dominique et sa grande science du GPS. Tous les blocs couchés ne protestèrent plus jusqu’à la délivrance de l’abri sous le lampadaire[10] . Une proposition de plongée sur le Messerschmitt ne reçut que des sourires coincés.
Le grand calme fut soudain à l’abri du bâtiment de pierres blanches. L’ancre larguée ne mettait pas l’arrière du ZOD à l’abri d’un raclage du récif. Des bras vigoureux l’ajustèrent avant de s’apercevoir qu’un boudin du ZOD s’est ramolli, la cheville besogneuse de notre Belge ayant déboîté le bouchon et appuyé au gré des chocs houleux sur la purge de la valve, nous qui recherchions quel bloc fuyait ! Nous règlerons cela au retour de la plongée. Mes deux coéquipiers qui préfèrent s ‘équiper dans l’eau jettent par dessus bord tous leurs accessoires. Ma lampe profitant des chocs des vagues s’est allumée et ne donne plus que des signes de faiblesse profonde, n’ayant pas le temps de changer les piles, je la rejette dans la valise. Tout va bien pouce en bas, bras en l’air nous purgeons et disparaissons de la surface avant de nous diriger vers le Chaouen, ce cher amas de tôles, vautré sur les flancs du Planier après une nuit arrosée. Après avoir longé le tombant à main droite, nous y voici. Il est couché sur le flanc et une large cicatrice s’ouvre dans les tôles, La visite des cales nous offre un spectacle de désolation, les casiers de fruits en aluminium sont empilés dans un désordre inouï. Au fil des cales nous arrivons à l’arbre d’hélice qui attend le réveil du moteur hélas englouti ! Un orifice dans la coque déchirée nous fait déboucher au dessus de l’hélice quadripale que nous inspectons en compagnie d’une escadrille de barbets fouilleurs alignés. Certains ne sont d’ailleurs pas moustachus, sont-ce les femelles[11] ? Le flanc tribord nous surplombe de son intégrité bombée et nous le longeons jusqu’à ce que Louis m’indique que Georges est à mi-bloc, nous reprenons le chemin du ZOD à flanc de tombant. La chaîne d’ancre finit par nous faire de l’œil et après concertation nous prenons le chemin du Dalton, autre ferraille drossée au récif. Dès la pointe rocheuse contournée, un courant vif nous indique que c’est le moment de rebrousser chemin. Il nous faudra 5 bonnes minutes de palmage énergique et 30 bars pour retourner à l’abri de l’éperon rocheux et décider la fin de plongée. Nous nous retrouvons avec nos deux compères qui émergent en même temps que nous au bas des échelles. Il est plus aisé de se déséquiper dans l’eau, mais bon sang que les stabs avec poches à plomb sont lourdes !
GG sort sa fiole, aussitôt reconnue par Louis qui l’a déjà testée sans ulcère l’an dernier, sa mémoire gustative étant bien meilleure que la visuelle. Dominique ouvre ensuite son minibar et propose ses boissons de fillette, menthe à l’eau, thé chaud et biscuits juvéniles. Cela servira à adoucir les dégâts provisoires causés par la base cane à sucre du saint Gérard du bord. Mais avant de rentrer il faut regonfler le boudin gris ramolli. Armé d’une pompe à main, et d’accessoires incomplets, le patron finira avec un bloc et le bon tuyau et ses mains. Nous remontons l’ancre dans l’allégresse et Dominique réveille les 200 CV du moteur avant de baisser la manette des gaz. Très vite il se rend compte que le bateau tire à droite. Normal, le bloc Nitrox du pendeur y est encore et fait du ski nautique 2 mètres derrière nous. Stop rapide et nous proposons une repentance collective. Nous repartons aussitôt vers Le Rouet dans la brume et le silence du remords. La houle et le vent sont apaisés et nous les laissons dans notre dos.
Après une belle manœuvre nous posons le nez dans le vieux pneu surchauffé. A l’aide de la clef unique confiée par le sous chef adjoint du port du Rouet au commandant retraité de la marine marchande, nous ouvrons la porte d’accès aux chariots. La fin est toujours la même, déchaînage des chariots, gazage des blocs assoiffés, rinçage des hommes et du petit matériel. Discrètement Fidji et Dominique démontent les restes de la baie vitrée du vestiaire. Coup de bloc, coup de flotte, coup de blues ? Le savent-ils eux mêmes ? Fidji finira égratignée superficiellement mais nous ne trouvons pas de sucre pour faire un canard.
La matinée est finie, il ne reste plus qu’à rincer le matériel, l’homme et l’oesophage par les moyens les plus appropriés et attendre impatiemment Jeudi pour la dernière de la saison.
La
der de der ( La Pointe Frapao )
Ce matin, c’est la dernière de la saison estivale et il va falloir attendre le mois de Novembre pour retourner dans la magie de l’aquarium.
L’agitation est visible sur l’aire de préparation entre ceux qui rentrent de la tournée du matin, ceux qui vont partir, ceux qui sont bloqués dans les embouteillages de Marseille ou celui qui est scotché dans les bureaux des affaires maritimes du secteur. Tout rentre dans l’ordre et nous croisons Fabien qui a l’air bien dépité, les élèves n’étant pas assez nombreux, l’inspecteur ne viendra pas torturer les prétendants au N4 avant Septembre, hélas. Puisque les blagues semblent s’enchaîner, la suivante se présente dès le début du quai : le gros tuyau des suceurs de sable est resté plein d’eau et il sera impossible de compresser les 300mm de tuyau pour faire passer les chariots lourdement chargés. Les 18 plongeurs feront du portage à l’ancienne vers le gros Lomac[12] enfin réapparu. La houle et le vent du Nord nous obligent à frôler la côte pour rejoindre un lieu que j’ai bien connu l’an dernier : La Pointe Frapao, théâtre de ma fin de N3 de l’an dernier. Je plongerai en compagnie de deux photographes devenus numériques, par découverte pour l’un et par nécessité pour l’autre, son beau RS ayant préféré retourner au fond après une remontée sur le bateau. Le nouveau Nikon et son caisson sont attachés au plongeur, à sa stab et au bateau avec une garcette bien commode pour la mise à l’eau et la sortie.
Mise à l’eau rapide sans souci avant la horde qui s’attarde sur le pont bien rempli du Lomac. La descente se fait dans une eau chargée et fraîche qui oscille entre 18 et 16°, et je ne regrette pas d’avoir enfilé mes gants. Je retrouve l’espèce de toboggan sableux naturel entre les tombants que nous inspectons pendant la descente. Les multiples cavités sont bordées de superbes gorgones bleues, des adonnelles d’un rouge éclatant tapissent le fond des trous, les cérianthes diaphanes posent pour les photographes sous l’œil amusé de quelques sars et barbets, mais ce sera une plongée plutôt ‘’flore’’ devant ces tapisseries multicolores qui se déroulent face à nous. A -38m nous passons la limite du ‘’no dec time’’[13] et après concertation nous entamons la remontée sur l’autre paroi de la faille tout en surveillant nos profondimètres. Il nous faudra attendre 6’ au palier tout en surveillant le biberon de Nitrox qui se dandine devant nous, mais nous le dédaignons et rejoignons la surface où Christian continuera à consommer du mégabit. Nous nous hissons péniblement avec tout le matériel sur le Lomac qui se balance mollement sur la houle résiduelle. C’est vrai que nous aurions pu nous déséquiper dans l’eau mais comme il ne reste qu’une jeune sirène blonde étalée sur le boudin avant du bateau, nous avons pitié. Étant remontés les premiers nous aurons pitié de ceux qui, les mains tendues, nous implorent de remonter les gilets équipés. Bon sang que c’est lourd une stab avec des poches à plomb bien remplies….
La valise bar est ouverte en même temps que ma fiole d’enfer et les yeux interrogatifs se croisent avec toujours cette même étincelle au passage du liquide dans les canalisations, cela donne du courage. Pour le retour, Fabrice, de main de maitre, rasera le rivage pour esquiver les rafales et les vagues attaquées de face maintenant. Même à 18 sur le Lomac, ses accélérations verticales rappellent la fête des Loges mais en plus humide…
A midi tapantes retour à quai et des petits malins se débrouillent mieux que d’autres pour être les premiers sous la douche, sans passer par la case chariots, curieux esprit d’équipe ? Dans la cour, belle surprise !, sur une table, sous un parasol, les éléments suffisants pour un apéritif correct et offert par la maison attendent, sympathique ma foi ! Même Fidji en tenue civile réclame les bisous qu’elle n’a pas eus ce matin. Deux garnements proposent spontanément à la sirène blonde de l’aider à enfiler le haut de son maillot, je leur propose de m’aider à passer le bas du mien, ils sont nettement moins enthousiastes. Ca rigole bien et les participants se dispersent avant d’avoir séché les bouteilles.
C’est avec Xavier qu’il faut maintenant conclure, revivre tous ces bons moments, il tamponne d’une main et signe de l’autre pendant que je joue contre sa machine à carte bleue mais elle gagne encore une fois. Il tente de me retenir jusqu’à Dimanche pour la matinée profonde, hélas, je serai déjà loin. Nous échangeons une dernière blague philosophico-machiste et allez, zou, à la niche.
Merci Xavier, ton équipe a encore montré de la fantaisie, de la gentillesse, de la compétence mais toujours dans la sécurité. Le premier abord avait été déroutant, mais c’était sans doute les réglages de début de saison, j’ai bien du revoir mon lest. A l’an prochain si Neptune le permet.
21/07/05
Je tiens à remercier Xavier, Fabrice, Michaël, Alexandre, Dominique, Fidji, Eric, mes compagnons de palanquées et tous ceux qui ont contribué à me faire plaisir en ce mois de vacances.
[1] Y’en a un peu plus je vous le mets quand même ?
[2] Il y en a qui reconnaîtront
[3] Et oui les sars dinent à l’huile ( spéciale pour JLB)
[4] Je pense bien à toi Franck
[5] Voir récit de l’an précédent
[6] Vieille connaissance de l’an dernier
[7] Relire les aventures de Lucky Luke pour mieux comprendre
[8] 04 91 59 54 95
[9] Tout se perd mon pauvre Michel…
[10] Voir page 2
[11] Corinne doit savoir
[12] Gros semi rigide à moteur in bord
[13] Ne nécessite pas de temps au (x) palier(s) de décompression